Mon Père, mon Oedipe...

Docteur,

Vous avez souhaité que je vous parle de mon père.

Alors je commencerais par vous dire combien je l’aime mon Papa. A quel point mon admiration pour lui n’a pas de limite et en a rarement eu. Mon Papa n’a pas eu une enfance facile, ni la vie d’ailleurs. Il a fait des bêtises, mais il a su dire pardon. Il a perdu le sien, de Papa, et sa maman n’avait pas assez confiance en elle pour lui apprendre à être fier de lui. Alors il faut le comprendre. Il nous a élevé à coup de fou rire, de drames alcoolisés, de profonde solitude, de violent coup d’amour, d’une féroce envie d’aimer le monde, de musique et de littérature. Mon Papa, il a ouvert en grand la fenêtre de nos chambres sur la vie, si riche, si compliquée et pourtant si belle et on en a pris plein la figure. Il faut le savoir Docteur, c’est l’amour qui sauvera mon Papa...

Il est fatiguée mon Papa, par ce combat qu’il se livre à lui-même depuis des années. Mais cet été je l’emmène en vacances. Il pourras se reposer, et on ira à la plage en famille, avec Louca, et on rira, comme avant tout ça. Ou mieux, on rira comme jamais encore on a rit...

Mon Papa, il ne se sentait pas prêt à avoir des enfant, et pourtant je regrette qu’il ne se soit pas rendu compte qu’il était fait pour ça. Qu’il avait de tant d’amour à sortir de sa gorge douloureuse qu’il n’aurait pu le déverser que sur un enfant. Je voudrais tellement qu’il se rende compte du père formidable qu’il à été. Il m’a donné plus d’amour, d’affection et de respect malgré ses absences, qu’une mère omniprésente n’a su le faire en tout une vie.

Je voudrais qu’il sache aussi, à quel point tout ce que j’ai de bon, tout au fond de moi est un bout de ses tripes à lui. Qu’il m’a fait le plus beau des cadeaux : C’est grâce à lui que j’ai eu la force de revendiquer mon droit d’être-moi même. Il faut a tout pris qu’il se sente digne de ce dont à quoi il a droit, qu’il s’autorise à recevoir l’usufruit de ce qu’il a fais de bien dans la vie. Il faut qu’il me croit quand je lui dis qu’il est quelqu’un de bien.

Il faut qu’il se pardonne mon Papa. Qu’il se pardonne de croire qu’il n’a pas été à la hauteur et qu’il se persuade de m’avoir bien armée pour la vie. C’est ce qu’il prend pour de l’hypersensibilité qui m’a donné le goût de l’art, de l'écriture et du sentiment. C’est mon carburant à moi pour traverser la vie en un morceau, c’est ce qui m’a sauvé tant de fois. Si je peux me regarder dans un miroir sans rougir aujourd’hui et avoir chaque matin, la force de me remettre en question, c’est parce qu’il me l’a appris. Grâce à lui je tombe de moins haut. Ma mère ne m’aura légué que la force de me relever plus vite sans regarder en arrière, une vision de la vie optimiste, mais aussi, cette peur de moi-même, ce manque de confiance en moi, ce second rôle permanent en société et cette boulimie qui me tient en vie, suspendu au dessus du gouffre de la dépression... Oui je lui en veux. Je lui en veux et même s'il est possible que ce soit injuste, j'en ai le droit. Un jour pourtant, je prendrais le temps de réapprendre à l’aimer sans conditions et je serais émue de me débarrasser de ce qui me séparera toujours d’elle.

Je voudrais aussi dire à mon Papa que je ne regrette pas de lui avoir mené la vie dur, d’avoir été parfois cruelle pour me protéger, et aussi pour le punir, parce que c’est ce qui m’a permis de grandir, de me situer ans la vie, d’avancer et de me construire comme un être à part entière, et ça je sais qu’il le comprend mon Papa et qu’il ne m’en veux pas.

Mon Papa est un héros, un survivant, et je donnerai n’importe quoi pour avoir la quart de son courage. Si vous saviez comment il a su se relever, porter à bout de bras, cette tonne de saloperie qui l’ensevelissait. Il étouffait mon Papa, il se noyait dans la merde que les autres lui avait déversés sur la gueule, il s’en est recouvert lui-même ne sachant même plus la différencier de l’air pur. Il avait finit par croire que c’était tout ce qui était bon pour lui. Il a finit par s’endormir dedans. Et aux portes de l’asphyxie social, de l'aliénation mentale, il a su se libérer avec une force colossale. Aujourd’hui encore, il guette son passé qui le suit parfois, et il est toujours là. Mais aujourd’hui, il a pris pied dans la vrai vie et je sais qu’il finira par se réapproprier son identité. Oui Docteur, mon Papa est un putain de Héros.

Voila Docteur, ce que je peux vous dire de mon Papa. Cela ne fait que quelques pages et pourtant, je crois que pour ce que j’ai dans le cœur une encyclopédie n’y suffirait pas.

S’il vous plait, laissez le moi le plus longtemps possible, mon Papa, pour que je puisse encore et encore le serrer dans mes bras.

Comments

[Liette]

Putain, t'as décidé de me faire pleurer cette semaine!!!
J'ai pas vu ton père souvent, mais je le voyait comme s'il était là, pendant que je lisais,et je l'imaginais dans toutes ses "batailles"!!
Et pour ce qui est de ta mère, c'est marrant, ça me rappelle quelqu'un!lol

[Adrianne]

Mais noooon faut pas pleureeeeer...Dis donc, on est pas copines pour rien.


C'est vrai qu'en plus tu l'as déjà vu mon père.

[Lo]

Voilà pourquoi nous avons tant de points communs. Je me suis vraiment retrouvée dans ton histoire avec ton père. Magnifique texte et belle déclaration (j'espère qu'il l'a lira!)... Bravo.

[Adrianne]

Je l'ai réecrite et je la lui ai envoyé. Il a été touchée. Tellement touché qu'il descend nous voir ce week-end, Louca, Adrien et moi.

[ptitemomo]

magnifique déclaration d'amour d'une fille à son père...

[Adrianne]

[Hayden-ma-vie]

exactement!!!

[Adrianne]

[Hayden-ma-vie]

olala tres belle declaration;jeme souvient dans mon blog aoir fait kelk hommage du genre a mon pere et bcp me disait kil ne savait cke c'tait de resentir ca pour son pere.je trouvais ca bien
triste...

Mon papa c le premiere homme de ma vie et ce koi kil arrive,c mon hero .... et oui kon nous les laisse car on a besoin d'eux

[Adrianne]

Ouuuu oui! C'est le premier homme de ma vie, parce que lui c'est certain, il m'aimera toute ma vie quoiqu'il arrive! (Zhom je t'aime aussi hein? hihi)